Quelques centaines de personnes ont manifesté au centre-ville de Montréal, samedi, pour dénoncer la réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ). Ce programme représentait jusqu’ici une voie accélérée vers la résidence permanente.
En vertu de cette réforme, les étudiants étrangers, de même que les travailleurs étrangers temporaires, devront désormais avoir un ou deux ans d’expérience de travail (selon leur niveau de scolarité) et occuper des emplois spécialisés pour espérer être admis dans le programme.
« Je ne comprends pas bien pourquoi on réforme un programme qui fonctionne bien, dénonce Fanny Lemaire, organisatrice de la manifestation. Ce programme a été mis en place pour garder les talents ici. Maintenant, on leur dit qu’il vaut mieux pour eux aller dans une autre province canadienne où ils obtiendront la résidence permanente en moins de deux ans, alors que cela pourrait prendre jusqu’à six ans ici. »
Mme Lemaire trouve la réforme particulièrement cruelle pour les étudiants qui ont fait leurs études ici dans la perspective d’avoir ensuite la résidence permanente et qui seront maintenant rejetés parce que leur expérience de travail pourra désormais être jugée insuffisante.
À cause de la réforme, qui exclut les travailleurs non spécialisés, « on dit à des gens qui ont été à l’avant-scène de la crise de la COVID-19 de rentrer chez eux », poursuit Mme Lemaire.
L'opposition dans la rue
Des députés libéraux et de Québec solidaire étaient présents à la manifestation, dont Gaétan Barrette, Manon Massé, Gabriel Nadeau-Dubois, Christine St-Pierre, Paule Robitaille, Kathleen Weil et Andrés Fontecilla.
« Toutes ces personnes derrière moi veulent faire leur vie au Québec, elles travaillent déjà ici ou étudient ici. Malheureusement, leur avenir parmi nous est menacé par la réforme anti-immigration de la CAQ. »
— Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire
Pour Mme Massé, le ministre Simon Jolin-Barrette, qui a lancé la réforme, a trahi sa promesse d’accorder des droits acquis pour tous ceux qui étaient déjà ici.
Elle trouve elle aussi la situation crève-cœur « pour tous ces jeunes qui ont, par exemple, fait de la livraison pendant la COVID-19 et qui se retrouvent le bec à l’eau ».
« Après avoir créé une énorme injustice avec sa deuxième mouture du PEQ, Simon Jolin-Barrette devient ministre de la Justice. Quelle belle image », a pour sa part dit Gaétan Barrette, député libéral.
Plus tôt en juin, les universités québécoises ont elles aussi réclamé une clause de droits acquis pour que les étudiants étrangers déjà scolarisés au Québec ou qui arriveront à l’automne ne soient pas expulsés.
« Favoriser le succès de l’immigration »
Après avoir lancé une première mouture de sa réforme en novembre, M. Jolin-Barrette a ensuite assoupli en mai certaines conditions qui avaient été décriées.
En gros, les emplois ne requérant qu’un diplôme d’études secondaires et les personnes effectuant un travail manuel ne sont pas admissibles.
Lors de la confirmation de la réforme, en mai, Simon Jolin-Barrette estimait qu’« elle favorise davantage le succès de l’immigration permanente au Québec » en liant l’immigration aux réels besoins en main-d’œuvre.
Il reviendra à Nadine Girault, qui vient d’être nommée ministre de l’Immigration, de s’occuper de la suite des choses.